Située à quelque 650 km de Laâyoune, la capitale du Sahara Occidental occupé, la ville portuaire de Dakhla, l’ex-Villa Cisneros du temps de la présence espagnole, participe, selon le reportage que vient de lui consacrer Deutsche Welle, une chaîne de télévision allemande, à hauteur de 65% dans la production halieutique présentée comme étant celle du royaume du Maroc. C’est dire et la richesse halieutique des côtes du Sahara Occidental, et l’ampleur du pillage de cette richesse auquel s’adonne sans vergogne et dans un déni criant de la légalité internationale, l’occupant marocain. Avec, il faut le dire, la complicité avérée d’un certain nombre de pays de l’Union européenne – la France et l’Espagne, notamment, dont les flottilles sont très présentes (mais illégalement) dans l’espace maritime sahraoui – qui n’ont pas hésité à contourner l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) rendu le 21 décembre 2016 qui stipule clairement que ni l’Accord d’association entre le Maroc et l’UE, entré en vigueur en 2000, ni celui de libre-échange conclu en 2012 entre les deux parties, ne s’appliquent au territoire du Sahara Occidental et ce, du fait que celui-ci et le Maroc constituent deux entités distinctes. Mais également celui rendu le 27 février 2018 par la même juridiction, la CJUE, à savoir, selon lequel “l’accord de pêche conclu entre l’UE et le Maroc, en 2006, est valide dès lors qu’il n’est pas applicable au Sahara Occidental et aux eaux adjacentes à celui-ci”. Devant cette flagrante violation des arrêts de la plus haute juridiction européenne par des Etats qui s’érigent en donneurs de leçons en matière de respect de la légalité et des droits de l’Homme, le Front Polisario s’est engagé dans une bataille juridique pour les contrer. Et, ainsi, obtenir la cessation du pillage, par le Makhzen et ses parrains et complices internationaux – surtout, européens – des immenses ressources du Sahara Occidental; halieutiques et autres. Tel le phosphate. Selon Oubi Bouchraya Bachir, son représentant en Europe, il est attendu que la CJUE statue, “fin juin, début juillet 2021, sur les recours introduits par le Front Polisario contre l’accord conclu entre l’UE et le Maroc sur l’extension illégale au territoire du Sahara Occidental, des accords d’association et de libre-échange” qui les lient; depuis 2000, pour le premier, et 2012, pour le second. Parallèlement à cette “bataille juridique”, les Sahraouis sont également engagés dans une vaste entreprise de sensibilisation de la communauté internationale sur la situation prévalant dans leur pays occupé et sur le pillage méthodique de ses ressources naturelles par l’occupant marocain et ses complices internationaux. La dernière en date (de ces entreprises de sensibilisation) a été organisée par l’Union de la jeunesse sahraouie (UJSARIO). Du 9 au 11 du mois en cours, s’est, en effet tenu, dans les camps de réfugiés de la région de Tindouf, un “Forum social de solidarité sahraoui” qui s’est clôturé par un appel “à la communauté internationale à stopper le pillage des ressources naturelles sahraouies”.
Mourad Bendris