La présidente de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA) était, avant-hier, l’invitée de l’émission LSA Direct de la radio web du quotidien Le Soir d’Algérie. Comme à son accoutumée à chacune de ses sorties médiatiques, Saïda Neghza n’a pas été avare en informations d’importance. Et c’est peu dire. Ce n’est pas toujours les jours, en effet, que l’on entend une personnalité publique nationale dire ouvertement que “certains des proches collaborateurs du président de la République ne lui disent pas la vérité”. En clair, qu’ils lui font parvenir des informations tronquées sur la réalité de la situation prévalant dans le pays. Et ce, dans tous les secteurs. Pis, la présidente de la CGEA a ouvertement déclaré que ces “gens” ne se limitent pas à cela mais vont jusqu’à « œuvrer à bloquer la concrétisation du programme sur la base duquel il a été élu”. Se gardant toutefois de donner un quelconque nom, elle n’a pas hésité néanmoins à suggérer que ces gens sont proches de la “Issaba”: “celle-ci qui est toujours présente, a gagné en puissance”, a-t-elle, en effet, ajouté dans le sillage de ses déclarations sur le blocage du programme du Président Tebboune. Pour illustrer ses propos, Saïda Neghza a dévoilé les pressions que subit, selon elle, une partie des 215 importateurs de café – dont certains sont membres de l’organisation patronale qu’elle préside – de la part, a-t-elle déclaré, de la douane algérienne. Des pressions d’autant plus graves qu’elles visent, a-t-elle signalé, à surfacturer le café qu’ils importent. Plus explicite, la présidente de la CGEA a déclaré que cette dernière poussent les importateurs qui déclarent des prix inférieurs aux 1900 dollars la tonne que déclarent certains “importateurs bien introduits”, à surfacturer de quelque 500 dollars chaque tonne de café qu’ils importent; l’estimation de cette surfacturation étant obtenue, a-t-elle explicité, en comparant les 1900 dollars en question aux cours internationaux actuels du café qui sont établis par la place de Londres et qui tournent, présentement, a-t-elle poursuivi, “autour de 1300 dollars la tonne”. Toujours à propos de l’importation de café, Saïda Neghza n’a pas manqué de déplorer le laxisme des services douaniers à propos de la qualité de celui qui est acquis par certains de nos importateurs. Une manière de dire que ce dernier n’est pas d’une qualité irréprochable mais est facturé au prix fort.
Le secteur de l’Industrie a toujours été mal géré…
Invitée à donner son appréciation sur les dernières mesures prises par le Président Tebboune en faveur du développement du secteur de l’Industrie, la première responsable de la CGEA s’en est, tout d’abord, félicitée. Sauf qu’elle a tenu, concernant la récupération par l’Etat des assiettes foncières qui n’ont pas été utilisées par ceux qui en ont bénéficié, à faire la part des choses. « Beaucoup parmi ces derniers, sont des opérateurs honnêtes, qui n’ont pu démarrer leurs projets que parce qu’ils ont été confrontés à une multitude de problèmes, entre autres l’aménagement des zones d’activité, et d’entraves bureaucratiques”, a-t-elle, en effet, précisé. Ce qui l’a amené à émettre le souhait de voir les zones d’activité et industrielles gérées par l’Etat: “C’est une réalité, dans un tel domaine, l’Algérien préfère avoir affaire à l’Etat”, a-t-elle ajouté en guise d’explication. Cette précision faite et son souhait émis, Saïda Neghza est revenue sur les opérateurs visés par la décision du président de la République de récupérer les assiettes foncières qui n’ont pas été utilisées: “Ce sont, a-t-elle déclaré, de faux opérateurs qui n’avaient pour objectif, en se les faisant attribuer, que d’obtenir des crédits auprès des banques”. Et d’ajouter: “C’est ce qu’ils ont effectivement obtenu”. De là sa satisfaction à propos de la décision du Président Tebboune d’associer dorénavant les organisations patronales à tout ce qui a trait à la gestion des zones d’activité et industrielles. Dans la foulée, elle s’en est pris à tous les ministres qui ont eu à gérer le secteur de l’Industrie: “S’il était de mon pouvoir, je les poursuivrais tous en justice”. Et là, il faut dire qu’elle n’a pas été du tout tendre avec Ferhat Aït-Ali: “Pour moi, sa nomination à la tête du secteur a été un accident de parcours”.
“Pour cause de pandémie, 60% des PMI-PME ont fermé…”
Une manière, évidente, de dire que son départ ne va pas être regretté par les opérateurs économiques. Du moins, ceux affiliés à la CGEA. Malgré tous les problèmes auxquels ils demeurent, à l’instar de tous leurs pairs, d’ailleurs, confrontés, ceux-ci, à en croire leur présidente, sont assez satisfaits de l’action du président de la République et de son gouvernement, depuis la Présidentielle du 12 décembre 2019. Surtout que, a-t-elle expliqué, les deux ont été gravement entravés dans leur travail par la pandémie du Covid-19. Et à ce propos, elle a révélé que l’Etat algérien, depuis l’apparition de cette pandémie, a aidé les opérateurs économiques nationaux. Parmi ces mesures, le différé de six mois pour le paiement de leurs impôts et taxes; une mesure qu’elle souhaite, d’ailleurs, voir reconduite par une autre période de même durée. Sont-ce là les raisons qui ont poussé Saïda Neghza à demander à ce que l’on ne s’empresse pas de porter un quelconque jugement sur l’action du Président Tebboune depuis la Présidentielle en question. Tout, dans ses propos, l’indique. Et ce, même si les retombées de cette pandémie ont été fortement préjudiciables pour les entreprises nationales. “60% des PMI-PME du pays ont fermé et 30% des entreprises affiliées à la CGEA ont connu le même sort depuis (son) apparition”, a-t-elle, en effet, déclaré. Sauf que cette cause, qui affecte toutes les économies du monde, n’est pas la seule qui entrave le développement de la nôtre; la présidente de la CGEA en a citée une autre. Qui a trait au caractère obsolète du système bancaire national: “Nous n’avons pas de banques en Algérie; nous n’avons que des guichets”, a-t-elle asséné à ce propos. Dans la foulée de cet amer constat, elle a abordé le déploiement, en direction de l’Afrique, des entreprises algériennes. Un déploiement qui ne peut réussir, selon elle, que si certaines conditions sont réunies; les unes d’accompagnement par les autorités du pays et les autres de mise à niveau des banques algériennes et des administrations concernées par l’acte d’exporter. Concernant les mesures d’accompagnement, Saïda Neghza a insisté pour dire qu’elles doivent se faire “à tous les niveaux”. En clair, a-t-elle explicité, “aussi bien le président de la République que les ministres et les ambassadeurs doivent s’impliquer pour la réussite de ce déploiement”. Outre cela, la présidente de la CGEA a fortement déploré la non utilisation par les autorités du pays des opportunités que leur confère la position qu’occupe la CGEA dans certaines organisations panafricaines. A l’instar de Business Africa, dont elle est la présidente depuis 2019: “Actuellement, il n’y a que le Maroc, la Tunisie et le Liban qui profitent de cette organisation et ce, alors que notre pays jouit d’un crédit certain auprès de nombre d’opérateurs économiques africains”, a-t-elle déploré.
Mourad Bendris