Dans une étape importante vers le renforcement de la coopération algéro-italienne, un accord-cadre a été signé à Alger entre le ministère algérien de l’Agriculture et du Développement rural et la société italienne Bonifiche Ferraresi (BF). Ce projet intégré, axé sur la production de céréales, de légumineuses et de pâtes alimentaires dans la région de Timimoun, marque une avancée majeure dans les relations bilatérales.
L’accord a été formalisé au Centre international de conférences (CIC) d’Alger par Souad Assaous, directrice générale de l’investissement et du foncier agricole au ministère, et Federico Vecchioni, directeur général de BF. La cérémonie de signature s’est déroulée en présence de plusieurs hauts responsables, dont Youcef Cherfa, ministre de l’Agriculture et du Développement rural ; Laâziz Faïd, ministre des Finances ; Mohamed Arkab, ministre de l’Énergie et des Mines ; Ali Aoun, ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique ; et Taha Derbal, ministre des ressources en eau. La délégation italienne comprenait Francesco Lollobrigida, ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et des Forêts ; Fabrizio Saggio, conseiller diplomatique du Premier ministre italien ; et Alberto Cutillo, ambassadeur d’Italie en Algérie.
Algérie
Aperçu du projet
D’une valeur de 420 millions d’euros, cet ambitieux projet d’investissement sera mis en œuvre sur 36 000 hectares à Timimoun. Il vise à produire du blé, des lentilles, des haricots secs et des pois chiches, tout en créant des unités de transformation pour la production de pâtes, des silos de stockage et des infrastructures essentielles. Le projet comprendra un complexe comprenant un moulin à farine, des installations de stockage et une ligne de production de pâtes.
Outre les céréales et les légumineuses, le projet intégrera des cultures stratégiques telles que les graines oléagineuses, notamment le soja, dans la rotation des cultures. La coentreprise qui pilote le projet sera détenue à 49% par le Fonds national d’investissement (FNI) algérien et à 51% par le partenaire italien.
Impact économique et social
Le ministre Youcef Cherfa a souligné l’alignement du projet avec la politique algérienne visant à renforcer la sécurité alimentaire à travers le Plan national de développement des cultures stratégiques, qui comprend les céréales, les légumineuses, les sucreries, les oléagineux, les graines et le lait. Le projet devrait augmenter la production nationale de blé dur de 170 000 tonnes par an, de lentilles de 7 100 tonnes, de haricots de 14 000 tonnes et de pois chiches de 11 000 tonnes. De plus, 60 % du blé dur produit sera affecté aux réserves stratégiques, les 40 % restants étant destinés à la transformation et à l’exportation.
Cherfa a souligné que cette initiative, parallèlement à un accord similaire avec la société qatarie Baladna pour une ferme laitière et une production de lait en poudre à Adrar, reflète l’intérêt croissant de l’État pour l’ouverture des investissements agricoles aux opérateurs algériens tant publics que privés en partenariat avec des entités étrangères, notamment dans les régions du sud. Ces régions offrent un potentiel important pour des projets à grande échelle.
Le projet devrait créer plus de 6 700 emplois, dont 1 600 postes permanents, contribuant ainsi de manière significative à l’emploi local.
Chronologie du projet et perspectives d’avenir
Le projet débutera en octobre 2024 et se concentrera initialement sur la préparation du sol pour la saison des semis d’automne. Les opérations complètes, comprenant une ferme intégrée de production de céréales et de légumineuses, un moulin à blé dur, une ligne de production de pâtes alimentaires, une ligne de production de couscous et des installations de stockage d’une capacité totale de 62 000 tonnes, devraient être opérationnelles d’ici l’été 2025. Le projet devrait être achevé d’ici quatre ans.
Importance stratégique et transfert de technologie
Le ministre italien de l’Agriculture, Francesco Lollobrigida, a souligné l’importance de l’accord, qui coïncide avec la Journée de l’indépendance et de la jeunesse de l’Algérie. Il a souligné que le projet renforcerait les exportations, notamment vers les pays africains, et faciliterait le transfert de technologie, reconnaissant le rôle stratégique de l’Algérie en Méditerranée et en Afrique.
Federico Vecchioni, PDG de BF, a qualifié le projet d’« extrêmement important et stratégique avec des dimensions internationales », le considérant comme un point de référence pour la production de légumineuses en Méditerranée. BF a pour objectif de livrer une filière agroalimentaire clé en main, de l’approvisionnement en semences jusqu’à la production industrielle, en passant par les pâtes. L’entreprise prévoit également de proposer des programmes de formation aux professionnels algériens et de développer des projets de collaboration avec des institutions universitaires et de recherche locales. La phase initiale comprendra le forage d’un puits pour un système moderne d’irrigation goutte à goutte.
Vecchioni a assuré que les techniciens de BF commenceraient immédiatement les préparatifs pour les semis d’automne, garantissant ainsi l’alignement du projet sur les normes et attentes agricoles italiennes et algériennes.