Lors d’une récente apparition dans l’émission « Remontada » de Dzair Tube, l’historien et créateur de contenu Dr Mohamed Doumir a présenté des preuves historiques convaincantes pour démystifier les revendications du Parti de l’indépendance marocain concernant le soi-disant « Grand Maroc » et ses affirmations de droits territoriaux sur les terres algériennes, mauritaniennes et sahraouies. La discussion, animée par Mustapha Bounif, met en lumière les inexactitudes historiques perpétuées par les personnalités politiques marocaines et souligne l’importance d’une représentation historique précise.
Dr Doumir a soutenu que la carte préconisée par le leader du Parti de l’indépendance marocain Allal al-Fassi a induit en erreur de nombreux Marocains en les rapprochant d’une vision irréaliste de l’expansion territoriale. Cette vision, selon Doumir, détourne l’attention de la tâche fondamentale de la construction nationale en favorisant des revendications irréalistes sur des territoires en Algérie, en Mauritanie et au Sahara occidental.
Doumir a expliqué que discuter des frontières nécessite une compréhension approfondie des États historiques qui existaient autrefois en Afrique du Nord. Les récits historiques révèlent qu’il y a plus de 2 300 ans, la région abritait trois États importants : la Numidie, Carthage et la Maurétanie Tingitane. Selon Doumir, les frontières de la Numidie, qui couvrait l’Algérie actuelle, s’étendaient du Grand Fleuve avec Carthage (dans l’actuelle Tunisie) au fleuve Moulouya avec la Maurétanie Tingitane (dans l’actuel Maroc).
Le Dr Doumir a souligné que la Numidie était un État à part entière avec ses propres rois – Massinissa et Syphax – et une économie, un système militaire et juridique robustes. Les frontières de la Numidie ont posé le cadre géographique fondateur de l’Algérie moderne. En revanche, la Maurétanie tingitane, considérée comme le précurseur de l’État marocain, s’étendait de la rivière Moulouya à l’océan Atlantique.
L’historien a en outre expliqué que l’extension des territoires vers le sud dans le Sahara n’était pas une préoccupation de ces États. Par exemple, les limites sud de l’Algérie, selon les écrits romains, ne s’étendaient que jusqu’aux montagnes de l’Aurès ou à la ligne du limes sud, sans s’étendre de manière significative dans le Sahara, à l’instar des limites territoriales de la Tunisie et du Maroc.
Le Dr Doumir a noté que la dynastie des Rustamides, le premier État islamique d’Algérie établi après le déclin de la Numidie, s’est étendue dans le Sahara, établissant sa capitale à Tiaret. Cette dynastie s’étendit jusqu’au sud du Touat, du Ghine et d’autres régions du sud. Cette expansion marqua la première unification historique du nord et du sud de l’Algérie, un exploit réalisé vers 700 après J.-C.
En réponse à une question de Mustapha Bounif sur la correspondance entre le territoire algérien pendant la colonisation française et ses frontières actuelles, le Dr Doumir a affirmé que le contexte historique étayait les revendications de l’Algérie sur les frontières de la rivière Moulouya. Malgré l’existence d’un traité frontalier avec le Maroc, certains Algériens estiment avoir un droit historique sur ces territoires, compensant les empiètements coloniaux français par d’importantes ressources naturelles.
Abordant le concept de « Grand Empire marocain » promu par Allal al-Fassi et le Parti de l’indépendance marocaine, le Dr Doumir a précisé que le terme « empire » est historiquement inexact. L’« empire de Marrakech », comme le désignent les sources européennes, est un ensemble de régions autonomes – Rif, Fès, Marrakech et Souss-Massa-Draâ – unies sous un sultan, mais pas un empire au sens traditionnel du terme.
Doumir critique les revendications marocaines comme étant une invention historique basée sur de brèves périodes d’expansion territoriale pendant la dynastie saadienne. Il souligne que l’expansion des Saadiens au Sahara occidental et en Mauritanie, qui a eu lieu à la fin du XVIe siècle, a été de courte durée. Les territoires ont été rapidement rétractés une fois que les Saadiens sont revenus avec le butin, et les revendications contemporaines d’un « Grand Maroc » ignorent cette réalité historique.