La vile et éhontée tractation à laquelle s’est adonnée, il y a quelques jours, le Makhzen sur le dos des peuples sahraoui et palestinien et par laquelle il a normalisé – officiellement, faut-il le préciser, parce que, dans la réalité, celles-ci remontent à loin dans le temps – ses relations avec l’entité sioniste en contrepartie d’une reconnaissance chimérique, par le président sortant américain, de sa prétendue souveraineté sur le Sahara Occidental, n’en finit pas de soulever des vagues d’indignation, de rejet et de condamnation sur les cinq continents. Mais également au Maroc où, malheureusement, ceux qui s’opposent à cette tractation ont toutes les peines du monde à faire entendre leur voix contraire: le Makhzen ne lésinant, en effet, sur aucune mesure répressive pour étouffer toute voix discordante et mater durement toute manifestation de rue ou publique de dénonciation de ce qu’il vient d’entreprendre. Alors que dans le même temps toute la presse, locale et internationale, aux ordres s’active pour tenter de biaiser la réalité de ce qui est en train de se passer sur le terrain.
Concernant la reconnaissance “twittée” de Trump de l’illusoire souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental, ladite presse s’échine, à l’unisson des officiels du Makhzen et des “spécialistes du palais qui squattent les plateaux de certaines chaînes de télévision, arabes et françaises connues pour leur défense éhontée des thèses makhzéniennes, à la présenter comme étant “un tournant historique qui va chambouler le rapport de force dans la région maghrébine”. Bien évidemment, au détriment des positions de principe et constante de l’Algérie. Le tout, en passant superbement sous silence et le changement, celui-là effectif, de la donne dans la région, qui a découlé de la double décision du Front Polisario de ne plus se sentir lié par l’accord de cessez-le-feu qu’il avait signé en 1991, sous l’auspice de l’ONU, avec le royaume alaouite alors dirigé par Hassan II, le géniteur de Mohamed VI, l’actuel monarque; et de reprendre la lutte armée et ce, jusqu’à la libération totale de sa patrie occupée. Une lutte qui, contrairement aux lubies du Makhzen sur la prétendue victoire histoire que constituerait la ”reconnaissance bancale » précitée de Trump, est d’une réalité palpable: les attaques de l’APLS contre les retranchements de l’armée marocaine d’occupation sont, en effet, quotidiennes. Et ce, tout le long du mur que les Sahraouis qualifient très justement de “la honte et de l’humiliation”.
Pis, tout ce beau monde – officiels du Makhzen et presse aux ordres – tente de détourner l’attention des opinions publiques marocaines et internationales de l’empêtrement dans lequel s’est fourgué notre “voisin de l’Ouest” après qu’il eut contracté la double traction éhontée susmentionnée. Comme toujours en se braquant sur l’Algérie qui est présentée comme étant une source potentielle de tensions dans la région et l’obstacle majeur à l’unité, tant rêvée par ses peuples, du Maghreb. Ce faisant, ils participent à éluder tous les dangers que représentent pour la stabilité de toute la zone Maghreb-sahélienne l’entêtement du royaume alaouite à ne pas se conformer à la légalité internationale dans la recherche d’une solution globale et définitive du conflit du Sahara Occidental, basée sur le sacro-saint principe du respect du droit à l’autodétermination de tout peuple dont le territoire est illégalement occupé. Mais également la présence, devenue officielle avec la normalisation par le Maroc de ses relations avec elle, de l’entité sioniste dans ladite zone.
Quand on sait que toute cette vague de normalisation avec l’entité sioniste dans laquelle se sont éhontément engagés certains pays arabes, s’inscrit en droite ligne dans le toujours d’actualité Grand Moyen Orient – un plan de démembrement de l’aire arabo-musulmane et de reconfiguration de sa carte politique, cher aux Bush et aux néo-conservateurs américains qui pèsent toujours d’un poids certain dans l’élaboration et la conduite de la politique extérieure étasunienne – on ne peut que déduire que cette présence n’a pour finalité que la concrétisation de ce plan; une concrétisation qui présuppose, dans un premier temps, la déstabilisation de l’Algérie et, dans un second, son démembrement. Deux objectifs dont se rend aujourd’hui ouvertement complice le Makhzen.
Une complicité dont, fort heureusement, de plus en plus de marocains prennent conscience aujourd’hui. A l’instar du journaliste Ali Lahrouchi qui vit, depuis 2001, en exil aux Pays-Bas; un exil qui lui a été imposé par les pressions que les sbires du Makhzen exerçaient, du fait de ses positions critiques à l’égard de la politique de celui-ci, sur lui et sa famille. Mais également des incessantes atteintes à ses droits et à ses libertés dont il faisait l’objet dans l’exercice de ses fonctions de journaliste, de la part des mêmes sbires. Dans une récente déclaration à l’APS, Ali Lahrouchi a très clairement déclaré que le rapprochement maroco-sioniste constitue “une menace pour la stabilité du Maghreb arabe” et, surtout, a pour “principale cible, l’Algérie”.
- Mourad Bendris