Coopération algéro-mauritanienne: la relance?

 Ces derniers jours, les relations entre l’Algérie et la Mauritanie semblent être sur une courbe ascendante. Deux événements – ou plutôt, deux visites – survenus à presque 24 heures d’intervalle, l’attestent. Qui sont perçus par nombre d’observateurs de la scène politique régionale – en clair, la scène maghrébo-sahélienne – comme des indices probants d’un changement en cours dans les relations entre les États la composant. Et, partant, dans l’évolution des problèmes y existant, qui menacent ses sécurité et stabilité. La visite que le ministre de la Santé algérien a effectuée, avant-hier, à Nouakchott, à la tête d’une importante délégation et d’une non moins importante mission médicale algérienne comprenant des spécialistes de la lutte contre la pandémie du Covid-19, et celle qu’effectue, depuis hier, à Alger, le chef d’Etat-major des armées mauritaniennes, ne peuvent, en effet, relever du fortuit. Surtout en cette conjoncture particulière que connaît la région. Une conjoncture marquée par la reprise, par le Front Polisario – après presque 30 années passées à attendre que les Nations unies veuillent bien respecter leur engagement envers le peuple sahraoui, à organiser un référendum d’autodétermination -, de la lutte armée contre l’occupant marocain. Mais également par la normalisation par le royaume du Maroc de ses relations avec l’entité sioniste. Ces deux derniers événements, faut-il le préciser, sont à même de chambouler de fond en comble “l’ordre” prévalant dans la région et ce, depuis, au moins, trois décades. Un “ordre” dont a tiré profit le Makhzen pour tenter, avec l’appui pernicieux et quelquefois franchement ouvert de ses parrains occidentalo-sionistes et arabes, de changer les données du problème sahraoui; en clair, de faire d’un problème de décolonisation dûment pris en charge par l’ONU, une question, d’ordre interne, d’autonomie régionale. Tout indique que la courbe ascendante que connaissent présentement les relations entre l’Algérie et la Mauritanie se veulent, tout à la fois, un indicateur fort de la conscience que leurs plus hautes autorités, tant civiles que militaires, ont du danger que représente pour la sécurité de toute l’aire maghrébo-sahélienne la présence aujourd’hui officielle de l’entité sioniste dans la partie nord-ouest du Maghreb. Surtout que dans les deux visites susmentionnées, l’accent a été mis sur l’aspect stratégique de la coopération entre les deux pays. Ce qui, à l’évidence, n’est pour plaire ni au Makhzen, ni à ses protecteurs occidentalo-sionistes et arabes…

 

Mourad Bendris