Le Makhzen se souviendra, assurément, longtemps des deux dernières réunions de l’Union Africaine (UA). Et pour cause, ni la 38ème session du Conseil exécutif de l’organisation panafricaine, ni le 34ème Sommet de celle-ci qui se sont tenus, respectivement, les 3 et 4 et les 6 et 7 du mois en cours, ne sont allés dans le sens voulu par le Makhzen. Contrairement à ce qu’il a laissé croire dans les intenses et récurrentes campagnes médiatiques qu’il n’a cessé de mener durant les mois qui ont précédé la tenue desdites réunions, sur de supposés changements – en faveur de ses thèses annexionnistes contraires à la légalité internationale, il va sans dire – dans les positions de l’UA à l’égard de ce qu’il appelle injustement “sa cause nationale”, qui y allaient intervenir, rien de ce qu’il prédisait, n’a eu lieu. Bien mieux, toutes les manœuvres pernicieuses qu’il y a menées pour imposer, par des voies détournées, ses thèses annexionnistes ont tourné court. Cela a commencé lors de la 38ème session du Conseil exécutif de l’UA quand les ministres des Affaires étrangères africains ont clairement rejeté son grossier projet à caractère soi-disant économique de faire passer par le territoire du Sahara Occidental, en direction des pays de l’Afrique de l’Ouest, une connexion par fibres optiques et une autre électrique. Et s’est poursuivi lors de la tenue du 34ème Sommet de l’UA. Emboîtant le pas à leurs ministres des Affaires étrangères, les chefs d’Etat africains ont, en effet, rejeté ce que Mohamed Salem Ould Salek, chef de la diplomatie sahraouie, a fort justement qualifié de “manœuvre marocaine visant à transférer des projets d’infrastructure vers l’Afrique de l’Ouest à travers les territoires (sahraouis) occupés”. Et dans le même temps, infligeant en cela au Makhzen un cuisant camouflet, appelé “à la nécessité d’un engagement à respecter les frontières et la souveraineté des Etats membres (de l’UA)”. Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, les chefs d’Etat africains ont, confirmant en cela la totale souveraineté de la RASD sur les territoires sahraouis, renvoyé “les deux projets à un sous-comité du Comité des représentants permanents” et ce, à l’effet “d’obtenir l’approbation du gouvernement sahraoui, qui est seul concerné par tout ce qui touche de près ou de loin le territoire de la RASD”. Plus clair que cela dans le rejet des prétentions annexionnistes du Makhzen, ça n’existe pas. Mais ce qui existe, c’est une forme plus subtile de rejet de telles prétentions. A laquelle les participants à la 38ème session du Conseil exécutif de l’UA ne se sont pas privés de recourir. Considéré par tous les observateurs au fait des affaires africaines comme une claire expression de la méfiance ressentie par le reste de l’Afrique à l’égard du royaume de M6, l’échec du Maroc à faire élire ne serait-ce qu’un seul des cinq candidats qu’il a présentés – à titre indicatif, il est le seul à avoir présenté autant de candidats lors d’une seule session – aux différents postes de commissaire au sein de la Commission de l’UA, constitue, pour Mohamed salem Ould Salek, un précédent dans l’histoire des organisations panafricaines: “(cela) n’est arrivé à aucun membre depuis la création, en 1963, de l’Organisation de l’unité africaine (OUA)”, a-t-il, en effet, commenté. Toute la question est de savoir si le Makhzen tirera les bonnes conclusions de ses échecs à répétition. Beaucoup en Afrique – et ailleurs – en doutent: les exemples de sa duplicité et de sa dépendance à l’égard des ennemis occidentalo-sionistes de l’Afrique étant légion…
Mourad Bendris