Le CEMOC reprend du service

 

Après presque 18 mois de “sommeil” – sa dernière réunion à ce niveau, qui s’était tenue en son siège, à Tamanrasset, remonte au 30 septembre 2019 – le CEMOC (Comité d’État-major opérationnel conjoint) a repris du service. Le 9 du mois en cours s’est, en effet, tenue à Bamako, la capitale du Mali, une réunion du Conseil des chefs d’Etat-major des pays qui en sont membres. A laquelle ont pris part les représentants de l’Algérie, en la personne du général-major Mohamed Kaïdi, chef du département Emploi-préparation à l’Etat-major de l’ANP, du Mali, du Niger et de la Mauritanie; les quatre pays membres du CEMOC. Cette “reprise du service” sonne comme “un retour à de meilleurs sentiments” de la part des trois partenaires de l’Algérie dans cet organisme voulu, à sa création, en 2010, comme un espace de concertation et d’entraide, multiforme, entre ses membres et ce, dans l’objectif d’une plus grande efficience dans leur lutte contre le phénomène transfrontalier du terrorisme et de son allié naturel, le grand banditisme. Un “retour à de meilleurs sentiments” parce que le Mali, le Niger et la Mauritanie se sont empressés, en 2014, de céder au chant des sirènes de la France qui, pour contrecarrer l’initiative algérienne de lancer le CEMOC, avait mis sur pied, à cette date, le G5-Sahel, une prétendue force armée commune des pays du Sahel africain – les trois précités auxquels elle leur a fait adjoindre le Tchad et le Burkina Faso – censée pouvoir lutter efficacement contre les groupes terroristes qui infestent ce vaste espace, en grande partie désertique, du continent africain. Des années après, ni l’aide promise par la France au G5-Sahel n’est venue, ni la force commune prévue n’est devenue opérationnelle. Pis, le terrorisme, comme l’insécurité, ne cessent de s’étendre. Avec leur lot de destructions et d’assassinats. C’est, au demeurant, ce qui ressort de l’intervention du général-major Mohamed Kaïdi qui s’en est trouvé, de ce fait, à son aise pour, s’adressant aux participants à la réunion de Bamako du 9 du mois en cours, “souligner la nécessité  (pour les membres du CEMOC) de conjuguer leurs efforts dans une coopération franche et sincère entre les pays du Champ, basée essentiellement sur l’échange de renseignements et la coordination des actions, de part et d’autre des  frontières, en comptant en premier lieu sur nos propres forces et moyens”. Si rien ne permet, en l’état actuel des choses, d’avancer le moindre pronostic sur les chances qu’a le CEMOC d’être vraiment opérationnel dans un avenir proche, en revanche, il ne fait aucun doute que l’Algérie – qui a été exclue de fait du G5-Sahel – ne s’est engagée de nouveau dans cette action commune avec les pays du Sahel que parce qu’elle a veillé à assurer, dès le départ, à celle-ci, les chances de son succès; lesquelles présupposent une neutralisation préalable des interférences, de la France et de notre voisin de l’Ouest, surtout, visant à la faire échouer.

Mourad Bendris