Attar: “Le gaz de schiste, ce n’est pas pour demain…”

 

Dans un entretien accordé au site d’informations russe, Sputnik, Abdelmadjid Attar, ministre de l’Energie, a péremptoirement écarté toute exploitation, dans des délais rapprochés, du gaz de schiste. Il le sera, a-t-il néanmoins ajouté, dans un avenir qu’il n’a pas précisé mais à la double condition que “son exploitation soit rentable” et qu’elle se fasse “dans le respect de l’environnement”. C’est, a-t-il poursuivi, le fait que cette double condition ne soit pas encore réunie, qui a poussé les plus hautes autorités du pays à ne pas miser sur ce gaz dans la politique qu’ils comptent appliquer pour, d’un côté, respecter les engagements de l’Algérie à fournir à ses clients européens, en quantité et au prix convenus, du  gaz naturel et, de l’autre, continuer de répondre à la consommation interne, en constante augmentation, de cette source d’énergie. Tout en affirmant que l’Algérie n’a aucun problème à tenir les premiers et à satisfaire la seconde, Abdelmadjid Attar n’en pas moins tenu à avertir que si la consommation interne continue de croître au rythme actuel, il n’y aura plus grand chose à exporter à l’horizon 2030. Pour le ministre de l’Energie, deux voies existent, qui permettront à l’Algérie de sortir de ce dilemme: la première consiste en “l’amélioration des capacités de production nationale” et ce, par “l’augmentation du taux de récupération” des gisements existants, “le développement de tous les puits, aussi petits soient-ils”, en activité, et la réalisation “de nouvelles découvertes”; et la seconde, en “une transition réussie vers les énergies renouvelables et les économies d’énergie”. Dans la foulée, Abdelmadjid Attar a eu à s’exprimer sur les difficultés qu’aurait la SONATRACH à commercialiser ses produits sur le marché international. Dans un premier temps, il a tenu à préciser que la seule difficulté que la compagnie nationale rencontre en la matière, a trait à la commercialisation du seul GNL (Gaz naturel liquéfié); ni “le brut, ni le condensat, ni le GPL (Gaz de pétrole liquéfié)” ne posant de problèmes, a-t-il, en effet, affirmé. Et dans un second, il s’est étalé sur cette difficulté. Qui ne tient aucunement à une quelconque faiblesse de nos capacités nationales de liquéfaction. Sur ce plan, la situation est plutôt bonne puisque l’Algérie est dotée de capacités qui lui permettent, a affirmé le ministre,” de liquéfier la totalité de sa production annuelle (de gaz naturel); soit 50 milliards de mètres cubes”. Pour Abdelmadjid Attar, la difficulté découle plutôt de la présence sur le marché international de grosses quantités de gaz; une présence qu’il impute à l’irruption (sur ledit marché), à partir de 2000, du gaz de schiste américain. Et des bouleversements que celle-ci a provoqués dans les procédures de vente qui y avaient cours. Alors que les contrats à long terme, à prix constants, prédominaient, cette irruption y a également imposé une nouvelle procédure de vente qui est “la vente en valorisation spot”; en clair, “une vente au prix du jour”. Le problème, a reconnu le ministre, c’est que les Algériens “continuent de ne pas la maîtriser”. Ce qui, a-t-il laissé entendre, n’est pas de bon augure surtout qu’en 2025, et de son propre aveu, “plus de la moitié des quantités de GNL seront commercialisées sur le marché spot”. Tout en regrettant que l’Algérie n’ait commencé à réagir à cette nouvelle situation qu’après que le “GNL américain eut commencé à (lui) prendre des parts de marché en Europe” et tout en plaidant pour une vision commerciale “plus offensive”, Abdelmadjid Attar a préconisé l’élaboration, dès à présent – “nous ne pouvons plus attendre”, a-t-il déclaré à Sputnik – “d’une stratégie commerciale pour les cinq prochaines années…” Est-ce suffisant pour, au moins, préserver les parts de marchés qui nous restent? L’avenir nous le dira… 

Mourad Bendris