Malgré le black-out que le Makhzen tente d’imposer sur ses récurrentes violations des droits des sahraouis à la libre expression, sous toutes ses formes, et sur les actes de violence, inouïe, que ses agents font subir aux militants, résidant dans les différentes villes du Sahara Occidental, défendant les thèses du Front Polisario, relatives à l’autodétermination du peuple sahraoui, celui-ci est toutefois régulièrement brisé. Par, d’un côté, des activistes sahraouis regroupés dans des organisations citoyennes locales et, de l’autre, des ONG internationales de défense des droits de l’homme et des activistes étrangers solidaires de la lutte du peuple sahraoui pour sa liberté. Ce qui a pour effet, à chaque fois que cela se produit, de faire sortir de leurs gonds le Makhzen et ses zélés agents en poste au Sahara Occidental. Qui n’hésitent pas, en conséquence, à faire usage d’une répression démesurée et de moyens disproportionnés, par rapport aux “dépassements” qu’ils sont censés “combattre”, contre les militants sahraouis qui bravent le dispositif répressif mis en place et font entendre leur voix; forcément discordante. Et les exemples ne manquent pas, qu’Human Rights Watch a recensés dans son dernier rapport sur la situation des droits de l’Homme au royaume de M6. Et plus particulièrement, au Sahara Occidental occupé.
Gdeim Izik, parfait exemple de la brutalité de la fourberie et de l’injustice du Makhzen…
Le plus parlant de ces exemples est incontestablement celui de Gdeim Izik; cet immense camp de toiles que les Sahraouis avaient édifié, en octobre 2010, en plein désert, dans les environs de la ville d’El Ayoun occupée, pour crier à la face du Makhzen qu’ils refusaient de vivre sous son autorité, et à celle du monde, qu’ils voulaient la libération de leur pays. Dix ans après sa brutale démolition par la soldatesque marocaine, dix-neuf Sahraouis croupissent toujours dans les geôles du Makhzen, la plupart dans des conditions extrêmement difficiles, après avoir été condamnés, dans des procès totalement iniques et expéditifs, une première fois, en 2013, par une juridiction militaire et, une seconde fois, en 2017, par un tribunal civil, à de lourdes peines de prison; dont la plupart vont de vingt années de prison ferme à la perpétuité. Et ce, sous le fallacieux chef d’accusation de violences délibérées contre les forces de l’ordre ayant entraîné la mort de onze de leurs membres; “fallacieux”, parce que tous les témoignages impartiaux recueillis sur lesdits événements et toutes les images qui ont été diffusées sur leur déroulement, montrent clairement que ce sont les forces de l’ordre qui étaient armées et non pas les Sahraouis; tous des civils. Ce qui rend le bilan – de 11 tués et de 70 blessés dans les rangs des forces de sécurité – présenté par le Makhzen totalement erroné. Et, partant, donne plus de crédit à celui présenté par le Front Polisario faisant état de la mort de 36 civils – le Makhzen n’en reconnaissant la mort que de deux (civils) – et de l’arrestation de 169 autres.
Une répression méthodique…
Loin de cesser, la répression des Sahraouis s’est faite plus méthodique au fil des ans. Avec une violence dans la répression qui est allée crescendo. Selon Human Rights Watch, le Makhzen “a interdit d’une manière méthodique la tenue au Sahara Occidental de tout événement de soutien au droit à l’autodétermination des Sahraouis” et, dans le même temps, “entrave l’action de certaines ONG locales (et ce,) en leur refusant toute existence légale et, dans certains cas, en brutalisant, lors de leur arrestation en pleine rue, des activistes et des journalistes”. Pour l’ONG précitée, l’implication de la justice marocaine dans la répression dont sont victimes les Sahraouis est avérée. En septembre dernier, est-il indiqué dans son rapport précité, “ le procureur du Roi près le tribunal d’El Ayoun” s’est empressé “de publier un communiqué dans lequel il a annoncé l’ouverture d’une enquête judiciaire portant sur des activités visant à porter atteinte à l’intégrité territoriale du royaume”; un empressement qui s’explique, ont laissé entendre les rédacteurs dudit rapport, par la constitution, quelques jours plus tôt, par Aminatou Haider et plusieurs militants de l’indépendance sahraouis, “de l’Instance sahraouie contre l’occupation marocaine (ISACOM)”. Et à ce propos, Human Rights Watch a rappelé que le jour même de la publication du communiqué du procureur du Roi, “la police avait procédé à l’encerclement des domiciles de cinq membres de la nouvelle instance sahraouie”. Dans un entretien avec Human Rights Watch qui a eu lieu le 5 octobre 2020, un de ces militants a déclaré qu’ils “étaient suivis par des véhicules de police à chaque fois qu’ils sortaient de chez eux”. Et ce, dans le même temps, a-t-il ajouté, “où toute visite leur était interdite”.
Bien que victime, il est néanmoins condamné…
La complicité de la justice du Makhzen avec ses forces “de l’ordre”, est également révélée par d’autres faits rapportés par l’ONG précitée. Alors que des vidéos postées sur les réseaux sociaux au lendemain même des faits qui se sont produits en mars 2019, montrent clairement qu’il avait été sauvagement agressé par des policiers en civil, Oualid El Batel, militant indépendantiste sahraoui, a été condamné, en octobre 2019, par la cour d’appel d’El Ayoun, à deux années de prison ferme et ce, sous les fallacieux chefs d’accusation de “désobéissance” et “insultes contre des officiers de police”. Ce qui indique, on ne peut plus clairement, que la justice s’est gardée de prendre en considération les vidéos en question qui le disculpent. Usant d’une crasse duplicité, les autorités marocaines avaient annoncé, en Février 2020, soit neuf mois après leur survenance, qu’elles avaient ouvert une enquête sur les faits en question. Sauf que, depuis, tout le monde attend les conclusions de cette enquête. Et ce, bien que, selon les mêmes autorités, les tribunaux de Smara et d’El Ayoun avaient entendu six policiers “pour usage non conforme à la légalité de la violence”.
Mourad Bendris