Selma Malika Haddadi, ambassadrice d’Algérie à Addis-Abeba et représentante permanente auprès de l’Union africaine (UA), a été élue vice-présidente de la Commission de l’UA. L’élection, qui s’est tenue samedi, marque une étape importante dans l’influence stratégique de l’Algérie au sein de l’organisation continentale et réaffirme son engagement en faveur de la coopération et de la gouvernance panafricaines.
Selma Malika Haddadi a accédé à ce poste au terme d’un processus électoral rigoureux qui lui a permis de devancer de solides concurrents. La titulaire rwandaise, Monique Nsanzabaganwa, a terminé son mandat, ouvrant la voie à une course très disputée. Selma Malika Haddadi a finalement obtenu la victoire en surpassant la candidate marocaine, éliminée au sixième tour avant-dernier, après les désistements antérieurs des candidats libyen et égyptien au premier et au troisième tour, respectivement.
Une diplomate chevronnée avec un héritage de service
À 47 ans, Haddadi est reconnue comme une diplomate chevronnée avec plus de deux décennies d’expérience dans la défense de l’unité, de la stabilité et du développement de l’Afrique. Entre mars 2023 et avril 2024, elle a occupé le poste de directrice générale pour l’Afrique au ministère algérien des Affaires étrangères, jouant un rôle clé dans l’élaboration des partenariats stratégiques de l’Algérie à travers le continent. Avant cela, de 2019 à 2023, elle a été ambassadrice extraordinaire et plénipotentiaire d’Algérie au Kenya et au Soudan du Sud.
Sa longue carrière comprend également le poste de ministre conseillère et chef de mission adjointe à l’ambassade d’Algérie en Éthiopie et à l’UA de 2015 à 2019. De 2013 à 2015, elle a dirigé la sous-direction du développement social au sein de la direction générale des affaires politiques et de la sécurité internationale au ministère des Affaires étrangères. À ce titre, elle a coordonné la participation de l’Algérie aux discussions mondiales sur des questions sociopolitiques cruciales, notamment les droits des femmes, l’autonomisation des jeunes, la santé publique et les objectifs de développement durable des Nations Unies. Son leadership à la tête du Bureau algérien des réfugiés et des apatrides de 2012 à 2013 a encore renforcé sa réputation de défenseure dévouée des questions humanitaires.
Sur la scène internationale, Haddadi a joué un rôle central en tant que conseillère et chef de la section politique à la Mission permanente de l’Algérie auprès des Nations Unies à Genève, où elle a contribué aux négociations de haut niveau et à l’élaboration des politiques mondiales.
Une vision pour la réforme et l’unité panafricaine
La campagne électorale de Haddadi était ancrée dans une vision audacieuse d’une Commission de l’UA plus efficace, transparente et responsable. Elle s’est engagée à réaligner les priorités de la Commission sur les objectifs fondamentaux des ancêtres de l’UA, en veillant à ce que l’organisation reste un catalyseur de l’autonomie et du développement durable de l’Afrique.
Parmi ses principaux engagements figure le renforcement de la gestion administrative et financière de l’UA afin d’inculquer une culture d’efficacité et de responsabilité à tous les niveaux institutionnels. Elle s’est également engagée à renforcer la confiance et la synergie entre la Commission et les États membres de l’UA, favorisant ainsi une coopération et une unité plus approfondies à travers le continent.
Pour atteindre l’objectif de longue date de l’UA d’autosuffisance dans la mise en œuvre de ses programmes stratégiques, tel que décrit dans l’Agenda 2063, Haddadi a souligné la nécessité de prioriser et de revitaliser les partenariats avec les institutions financières africaines telles que la Banque africaine de développement (BAD), la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) et l’Agence de développement de l’Union africaine (AUDA-NEPAD). Ces institutions, a-t-elle affirmé, sont essentielles pour garantir un financement durable et accélérer la croissance économique de l’Afrique.
L’influence croissante de l’Algérie au sein de l’Union africaine
La victoire de Haddadi marque une victoire diplomatique majeure pour l’Algérie, soulignant son influence croissante au sein des institutions multilatérales africaines. Son élection reflète les efforts continus de l’Algérie pour s’affirmer comme une puissance régionale attachée aux principes du panafricanisme, de la souveraineté économique et de la réforme institutionnelle au sein de l’UA.
Ce changement de direction coïncide également avec l’élection du diplomate djiboutien Mahmoud Ali Youssouf à la présidence de la Commission de l’UA, ouvrant la voie à une nouvelle ère de gouvernance au sein de l’organisation. Ensemble, Haddadi et Youssouf devraient guider la Commission à travers les défis continentaux urgents, allant de l’intégration économique et de la sécurité à la résilience climatique et au plaidoyer mondial.