Le Makhzen dans ses petits souliers

 

La campagne mensongère de la presse, marocaine et internationale, aux ordres sur un prétendu échec du dernier Sommet que l’Union Africaine (UA) a consacré au Sahara Occidental, a tourné court. En publiant le 18 mars dernier un communiqué officiel sur ladite réunion qui, pour rappel, s’est tenue le 9 du mois en cours, le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA a, en effet, porté un coup fatal à cette campagne. A court d’arguments et toujours prompt à recourir au mensonge et à la désinformation pour, tout à la fois, défendre l’indéfendable et cacher à son opinion publique les camouflets qu’il ne cesse de recevoir au sein des différentes instances de la première des organisations panafricaines, le Makhzen avait, en effet, enclenché, au lendemain de la clôture du Sommet en question, une vaste campagne médiatique sur le prétendu échec de celui-ci; une campagne basée sur le seul fait qu’aucun communiqué officiel sanctionnant ses travaux n’avait été alors publié. Outre qu’il dévoile la crasse ignorance par sa diplomatie des usages en cours au sein du CPS de l’UA en matière de “gestion” des réunions que celui-ci organise, l’empressement du Makhzen à crier à l’échec du Sommet de l’UA sur le Sahara Occidental du 9 mars dernier, révèle, de la manière la plus claire qui soit, la pauvreté de l’argumentaire par lequel il tente de justifier sa spoliation du territoire précité. Une “pauvreté” qui le met dans “ses petits souliers” face aux résolutions adoptées lors dudit sommet. Et ce n’est pas son rejet de celles-ci qui le sortira de l’impasse dans laquelle il s’est fourvoyé en s’entêtant, depuis plus de quatre décades maintenant, à persister dans son déni du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. En prenant la décision, pour reprendre les déclarations faites à ce propos à l’APS par Sabri Boukadoum, ministre des Affaires étrangères algérien – qui, au passage, a qualifiée celle-ci de “très importante » – “d’accompagner l’ONU dans le processus de règlement du conflit au Sahara Occidental”, le CPS de l’UA a mis devant leurs responsabilités respectives et l’ONU et le Makhzen; la première, en l’invitant à sortir de sa longue léthargie – qui dure depuis 30 années maintenant – et à s’engager résolument dans la résolution, conformément à la légalité internationale, du dernier cas de décolonisation sur le continent africain; une sortie (de léthargie) qui doit commencer, lui a-t-il été rappelé par le CPS de l’UA, par la désignation, dans les plus brefs délais, “d’un envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara Occidental”. Faut-il rappeler que ce poste est – étrangement – vacant depuis presque deux années; depuis la démission de l’Allemand Ernst Kohler. Et le second, en l’invitant expressément à se conformer à la légalité internationale et à reprendre, dans les plus brefs délais, des négociations avec l’autre partie du conflit, la RASD, à savoir. Pour signifier, à l’évidence, à l’une (l’ONU) et à l’autre (le Makhzen) sa détermination à contribuer d’une manière efficiente à la résolution définitive du conflit du Sahara Occidental, le CPS de l’UA a demandé à la Commission de l’UA – la plus haute instance de l’organisation politique panafricaine – “de prendre d’urgences les mesures nécessaires pour la réouverture du bureau de l’UA à Laâyoune” et ce, dans l’objectif “de permettre à l’Union Africaine de réactiver son rôle dans la recherche d’une solution politique” à ce conflit. Et de se pencher sur le dossier, pour reprendre les propos de Taïeb Omar, ambassadeur de la RASD à Alger, “de l’ouverture de consulats illégaux dans les parties occupées du Sahara Occidental”. Comme il fallait s’y attendre, les résolutions du dernier Sommet de l’UA sur le Sahara Occidental n’ont pas été du goût du Makhzen. Qui s’est empressé, comme rapporté ci-dessus, de les rejeter. Sauf qu’un tel rejet peut lui valoir des sanctions de la part de l’UA. Selon Sabri Boukadoum, les décisions du CPS sont contraignantes pour tous les États membres. A plus forte raison quand elles ont été prises, comme lors du dernier Sommet consacré au Sahara Occidental, “à l’unanimité des Etats membres (et ce,) sans aucune réserve d’un quelconque Etat participant (audit Sommet)”. Nombre d’observateurs de la vie politique africaine souhaitent que tel sera le cas. A l’appui de leur souhait, les menaces que fait peser le Makhzen, par ses agissements irresponsables et contraires à la charte fondatrice même de l’UA, sur la cohésion de celle-ci. Et, partant, sur la concrétisation de l’objectif assigné à l’UA de faire de l’Afrique un acteur de poids dans les relations internationales.  

Mourad Bendris