La répression croissante contre les observateurs étrangers met en évidence la répression systématique et le black-out médiatique du Maroc
Alger, Algérie | 24 février 2025 — Dans une tentative flagrante de supprimer le contrôle international sur ses violations continues des droits de l’homme au Sahara occidental occupé, le Maroc a expulsé 316 observateurs étrangers, dont des parlementaires, des militants des droits de l’homme, des journalistes et des experts juridiques, depuis 2014. Ce chiffre alarmant, enregistré au 20 février 2025, renforce encore les efforts systématiques de Rabat pour entraver les enquêtes indépendantes sur ses abus généralisés contre le peuple sahraoui.
La dernière expulsion, effectuée jeudi dernier, a visé trois parlementaires européens, portant le nombre de ressortissants étrangers expulsés depuis le début de l’année 2025 à 16, dont huit législateurs de divers organes législatifs européens. Selon un communiqué conjoint de l’Association sahraouie pour la protection des détenus dans les prisons marocaines et de l’Association française d’amitié et de solidarité avec les peuples africains, ces expulsions font partie des mesures draconiennes prises par le Maroc pour maintenir un black-out total de l’information sur le territoire occupé.
Une politique d’expulsions et de répression systématiques depuis une décennie
Depuis 2014, le Maroc a effectivement interdit la présence d’observateurs étrangers au Sahara occidental occupé, expulsant ou empêchant l’accès à 316 personnes de 21 pays répartis sur quatre continents. La répartition des expulsions par année révèle une répression de plus en plus intense :
2014 : 53 étrangers expulsés
2015 : 22 étrangers expulsés
2016 : 85 étrangers expulsés
2017 : 68 étrangers expulsés (dont 5 députés européens)
2018 : 11 étrangers expulsés
2019 : 34 étrangers expulsés
2020 : 8 étrangers expulsés
2021 : 3 étrangers expulsés
2022 : 5 étrangers expulsés
2023 : 6 étrangers expulsés
2024 : 5 étrangers expulsés
2025 (au 20 février) : 16 étrangers expulsés, dont 8 parlementaires
Parmi les nations les plus touchées par la politique d’expulsion du Maroc, la Norvège Le Maroc arrive en tête de liste avec 133 ressortissants exclus du Sahara occidental, suivi par l’Espagne (118), la Suède (9), la France (6), l’Italie (6), les États-Unis (6), la Pologne (6), le Portugal (5), le Royaume-Uni (4), la Tunisie (4), le Danemark (4), la Finlande (3), les Pays-Bas (2), la Lituanie (2), le Canada (2), le Japon (2), la Suisse (2), la Chine (1), l’Ukraine (1), la Belgique (1) et l’Allemagne (1).
Interdiction systématique des organisations internationales de défense des droits de l’homme
En plus d’expulser des observateurs individuels, le régime marocain a méthodiquement exclu les organisations internationales de défense des droits de l’homme du Sahara occidental. La déclaration a révélé qu’au moins sept ONG internationales de premier plan, dont Human Rights Watch, Amnesty International et Free Press Unlimited, ont été exclues ou expulsées du territoire occupé, les empêchant de documenter la répression systématique du Makhzen.
Pour la neuvième année consécutive, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) n’a pas pu obtenir du Maroc l’autorisation d’accéder au Sahara occidental, ce qui prouve une fois de plus le mépris absolu du régime pour la surveillance internationale.
L’inaction de l’ONU alimente les crimes marocains contre le peuple sahraoui
Le Maroc a également exploité l’absence de mandat de surveillance des droits de l’homme au sein de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) pour intensifier sa répression brutale contre les civils sahraouis. Contrairement à d’autres opérations de maintien de la paix de l’ONU, la MINURSO reste dépourvue de toute autorité pour surveiller ou rendre compte de la situation humanitaire dans le territoire occupé, ce qui permet au Maroc de poursuivre ses abus en toute impunité.
S’adressant à l’Agence de presse algérienne (APS), Hassana Douihi, membre de l’Association sahraouie pour la protection des prisonniers dans les prisons marocaines, a décrit les territoires occupés comme étant soumis à un siège militaire et médiatique étouffant.
« Les forces marocaines imposent des restrictions extrêmes aux observateurs internationaux, aux défenseurs des droits de l’homme et aux journalistes indépendants, garantissant qu’aucune documentation crédible de leurs crimes ne soit publiée », a affirmé Douihi. Il a en outre dénoncé la politique sélective de Rabat consistant à n’accorder l’accès au territoire qu’à des personnalités pro-marocaines, citant la récente visite d’un responsable du gouvernement français comme exemple des tactiques de manipulation du régime.