Mohammed VI, le Sahara occidental et l’équation sioniste

Ahmed achour

Dans un discours prononcé le 6 novembre, le roi Mohammed VI du Maroc a dévoilé son approche controversée de la politique étrangère, célébrant la « Marche verte » et l’anniversaire de la colonisation du Sahara occidental. Cependant, ce qui a le plus frappé les observateurs dans son discours a été son silence assourdissant sur la guerre en cours à Gaza et sur les souffrances incommensurables du peuple palestinien. Cette omission déconcertante a jeté une lumière crue sur le contraste entre les positions de l’Algérie et du Maroc concernant la question palestinienne.

Le 6 novembre, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a prononcé un discours puissant à l’ouverture de l’année judiciaire à Alger. Dans son discours, il a appelé les « peuples libres du monde » et les juristes arabes à engager des actions juridiques « efficaces » contre l’entité sioniste devant la Cour pénale internationale, réaffirmant le soutien indéfectible de l’Algérie au peuple palestinien.

À l’opposé, dans son discours à Rabat, le roi Mohammed VI a choisi d’ignorer complètement la crise humanitaire en cours à Gaza. Les bombardements militaires sionistes ont déjà coûté la vie à plus de 10 000 Palestiniens et en ont blessé près de 25 000 autres en seulement un mois.

Le discours du roi Mohammed VI a été entièrement consacré à la « Marche verte », un événement qui a marqué l’occupation du Sahara occidental par les forces du roi Hassan II en 1975 après le retrait de l’Espagne.

Le roi a souligné l’importance stratégique de cette région atlantique, affirmant qu’elle offre au Maroc « un accès total à l’Afrique et une fenêtre sur l’espace américain ». Il a également présenté ses projets ambitieux visant à faire du Sahara occidental « un centre d’influence continentale et internationale » et un « espace géopolitique » d’importance africaine.

Néanmoins, le silence du roi sur la situation à Gaza, malgré l’indignation croissante de la population marocaine, a suscité de vives critiques. Il est de notoriété publique que la question du Sahara occidental est souvent utilisée par le palais royal comme tactique de diversion, en particulier lorsque les troubles populaires s’intensifient. Cette préférence pour l’omission plutôt que pour l’action concernant Gaza révèle une politique étrangère marquée par des considérations pragmatiques et opportunistes.

Le discours royal a également souligné l’importance pour plusieurs pays de reconnaître la prétendue « souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental, notamment les États-Unis et l’entité sioniste. Cette reconnaissance résulte de l’accord de normalisation entre le Maroc et l’entité sioniste, négocié en 2020 sous la direction de l’ancien président américain Donald Trump.

Cette décision stratégique avait été justifiée par les autorités marocaines comme un moyen de donner la priorité aux intérêts nationaux, même au détriment de la cause palestinienne à laquelle le peuple marocain reste profondément attaché.

Toutefois, les relations entre le Maroc et l’entité sioniste se sont récemment tendues. En juillet, le Premier ministre sioniste Benjamin Netanyahu a publié une photo séparant le Sahara du territoire marocain, provoquant une onde de choc à Rabat.

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