Le chef de la diplomatie algérienne vient de rentrer d’une tournée qu’il a effectuée en Afrique australe et en Afrique de l’Est. Une tournée qui, au vu de la difficile conjoncture prévalant sur le Continent noir, n’est pas passée inaperçue. Parce qu’elle ne pouvait pas passer inaperçue. Du fait, précisément, de cette conjoncture. Et de ce qui pourrait en découler de fâcheux pour l’Afrique et ses peuples. Mais également du poids de l’Algérie dans ce vaste espace géopolitique. Un poids que les plus hautes autorités du pays veulent conforter par une présence plus visible sur le continent et par une participation plus résolue à la résolution des grands défis, économiques, sociaux et sécuritaires, auxquels il est confronté. C’est, à l’évidence, dans ces deux axes que s’inscrit la visite que vient d’effectuer Sabri Boukadoum, tout à tour, en Afrique du Sud, au Lesotho, en Angola et au Kenya. Dans tous les entretiens qu’il a eus avec ses homologues des pays visités mais également avec leurs premiers responsables respectifs qui – signe évident de l’importance qu’ils accordent à leurs relations avec l’Algérie – ont tenu à le recevoir, Sabri Boukadoum a renouvelé à ses interlocuteurs la ferme décision de notre pays de se tourner dorénavant plus résolument vers le continent africain. Et pas uniquement sur le plan politique mais également sur celui économique. De même qu’il a plaidé durant son périple pour une prise en charge plus résolue et plus effective par l’Afrique de tous les problèmes – de quelque ordre qu’ils soient – auxquels elle fait face; une prise en charge qui suppose le renforcement de toutes les organisations panafricaines existantes. Et ce, dans le sens bien compris de l’intérêt du Continent et de ses peuples. A la tête de ces organisations, l’Union Africaine (UA) qui doit tenir, dans le courant du mois prochain, en son siège à Addis Abeba, son 34ème sommet. Sauf que certaines parties, africaines, malheureusement, et occidentales, ne voient pas d’un bon œil un tel renforcement. Qui œuvrent, sous des prétextes divers, à son affaiblissement et, partant, à sa marginalisation en tant qu’acteur légitime et potentiel dans la recherche de solutions à tous les problèmes – sanitaires, sécuritaires, politiques et économiques – que vit l’Afrique et, dont certains lui sont imposés pour mieux la diviser. Le prochain sommet de l’UA, son 34éme, constituera, à ne pas en douter, au vu des manœuvres auxquelles s’adonne le Makhzen, avec l’appui de ses appuis extra-africains, notamment la France et l’entité sioniste, une épreuve de ses capacités à déjouer tous les plans ourdis pour entraver sa marche en avant; vers plus d’unité et de développement. En claironnant sur tous les toits, depuis quelques mois, que son objectif lors de ce sommet est d’obtenir l’exclusion de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) de la première des organisations panafricaines, le royaume marocain, en plus de dévoiler son rôle d’outil entre les mains de forces extra-africaines qui n’ont de cesse d’oeuvrer à maintenir le continent africain dans une situation de dépendance pérenne à l’égard, tout à la fois, des anciennes puissances coloniales, des Etats-Unis et de l’entité sioniste, menace d’attenter à la cohésion de l’UA. Certains pays, anciennement colonisés par la France et qui lui sont toujours politiquement et économiquement soumis, ne manqueront pas, en effet, sur injonctions expresses de celle-ci, d’appuyer le Maroc dans son rêve illusoire d’expulser la RASD de l’UA. Ce faisant, ils participeront à détourner cette dernière des objectifs d’unité et de développement du continent africain et de ses peuples, pour lesquels elle a été créée, pour l’engager, comme le souhaitent les forces extra-africaines qui œuvrent à sa marginalisation, dans la voie stérile de la désunion. Une perspective qui a été, sans doute aucun, discutée par Sabri Boukadoum avec ses interlocuteurs lors de sa dernière tournée. Et ce, comme l’atteste la place réservée au Sahara Occidental dans tous les communiqués communs ayant sanctionné les visites qu’il a effectuées dans les quatre pays concernés. Mais également, la réaffirmation par toutes les parties de leur appui à une solution, au problème du Sahara Occidental, dans le seul cadre onusien; une solution qui garantirait au peuple sahraoui l’exercice de son droit à l’autodétermination. Ce qui n’est pas pour plaire au Makhzen et à ses appuis occidentalo-sionistes.
Mourad Bendris